26.11.08

Comment se porte votre patience?

Un article intéressant difficile à dénicher sur nos comportements face aux évènements stressants quotidiens.

Source : la chaîne de radio et de télévision Radio-Canada.



C'est un magnifique dimanche après-midi de ce printemps tant attendu. À deux ou trois reprises, pourtant, notre belle sérénité sera interrompue par des klaxons et des crissements de pneus provenant d'un conducteur impatient qui s'empresse d'en dépasser un autre, vocifération d'injures à l'appui. On serait pourtant bien mal placé pour le lui reprocher puisqu'on a fait la même chose quelques jours avant...



Au bureau, on parvient, tant bien que mal, à se contrôler. Mais il suffit que la cliente qui nous précède au guichet automatique prenne 30 secondes de trop pour ranger ses billets pour qu'on veuille lui arracher la tête! Pourquoi sommes-nous devenus si impatients?

Cinq cent mille Canadiens restent à la maison chaque semaine parce qu'ils souffrent de stress. Ce dernier demeure un des éléments clés qui peuvent amener les gens à éprouver de l'anxiété, de l'irritabilité, de la colère et de l'impatience.

Cependant, on aurait tort de tout lui imputer puisque le tempérament y fait aussi pour beaucoup. Dans les années soixante-dix, les cardiologues américains Meyer Friedman et Ray Rosenham ont identifié deux types de personalité qui réagissent différemment au stress: les individus de type A dont le comportement et le mode de vie sont caractérisés par l'impatience, l'esprit de compétition, l'agressivité et la rapidité, et les type B, naturellement plus patients, moins compétitifs ou agressifs.

De stress à l'urgence

Selon Nicole Aubert, psychologue, sociologue et auteure du livre Le Culte de l'urgence, si certains choisissent volontairement de vivre en état d'urgence afin de combattre une tendance excessive à l'indécision ou au perfectionnisme, d'autres le feraient, inconsciemment ou non, pour contrer leur anxiété. Pour ces derniers, un agenda qui déborde est rassurant et se veut une forme de démonstration de leur supériorité.

D'autre part, il fait aussi compter sur cette angoisse existentielle de mourir sans avoir vécu! "Dans notre société contemporaine, on tend à évaluer la valeur de la vie humaine en fonction de la quantité d'expériences vécues", explique Céline Lafontaine, professeure au département de sociologie de l'Université de Montréal. Ainsi, on accélère le rythme et on compresse l'horaire au maximum afin de pouvoir lire tous ces livres, voir tous ces films, pratiquer la plongée sous-marine, la salsa, le yoga, etc.

Je, me, moi

Dans un monde de concurrence, les entreprises tentent d'attirer chez eux et de retenir la clientèle en la chouchoutant. Le client est roi! "On propose au consommateur un cocon douillet, sans frustrations, explique la psychologue Jocelyne Bounader. En baignant dans ce milieu, on finit par penser que ce traitement royal nous est dû. Ça déteint dans notre quotidien où, par exemple, lorsqu'un appareil ne fonctionne pas immédiatement, avant même de prendre deux minutes pour réfléchir ou consulter le livret d'instructions, on perçoit cela comme un problème et on s'énerve plutôt que de s'émerveiller quand il fonctionne."

Il ne faut pas oublier que la patience relève de l'éducation, renchérit la psychologue. Or, plusieurs parents ne transmettent plus cet apprentissage à leurs enfants pour diverses raisons. Résultat: on se retrouve avec de jeunes adultes qui supportent mal le moindre contretemps ou la plus petite contrariété.

Chère technologie

Les moyens de communications super performants des dix dernières années nous ont propulsé dans une culture de l'immédiat et du contrôle. Qui ne s'est jamais offusqué qu'on ne réponde pas à son courriel dans l'heure suivant l'envoi?

Luc Bonneville, sociologue et professeur au département de communication de l'Université d'Ottawa, a constaté lors d'une étude mené auprès d'utilisateurs d'Internet en 2000 que les aficionados du clavier et de la souris en sont venus à considérer les déplacements comme une perte de temps et une aberration.

Pire: il suffit qu'Internet soit en panne et qu'on doive se rendre physiquement au lieu de notre requête pour que toute notre journée s'en trouve bouleversée. "Cette impression - trompeuse - qu'on est maître du temps n'est rien de moins qu'une distorsion cognitive, une distorsion de la réalité", explique Kim Lavoie, psychologue de la santé. "Ça en dit long sur notre incapacité à lâcher prise, sur notre besoin de tout contrôler."

Et ça en dit aussi beaucoup à notre corps qui, soumit régulièrement à ce cocktail de stress, de frustrations et de mauvais humeur, voit son système immunitaire s'affaiblir et des problèmes chroniques, telles les maladies cardio-vasculaires, se développer.

Une situation sans issue?

L'agenda qui se remplit, le stress qui va grandissant et les impatiences et brusqueries qui surgissent de toutes parts. Sommes-nous, comme société, voués éternellement à ce cercle vicieux?

Selon Eveline Marcil-Denault, si les gens sont aujourd'hui plus conscients de leur niveau de stress, de ses causes et de ses répercussions, ils ont malheureusement le réflexe de s'y résigner. "C'est un état d'esprit qui est loin d'être positif pour la santé mentale", prévient la psychologue.

Mais comment faire, alors, lorsqu'on a l'impression d'être seul devant tout un système? "On peut commencer par se demander: "Sur quoi puis-je avoir un minimum d'emprise?" et privilégier le mode d'action plutôt que réaction, qui nous fait ressentir la situation comme inéluctable et semble nous condamner à l'impuissance", suggère Madame Marcil-Denault.

Après une dure journée au boulot, on tend à amener avec nous le stress de la journée et à le faire subir aux autres. À moins que ce ne soit nous qui recevions la mauvaise humeur d'autrui. Dans un sens ou dans l'autre, peu s'en faut pour que s'opère alors un phénomène de contagion.

"Nous avons toujours le choix de nos actions, affirme Eveline Marcil-Denault. En étant agressif avec les autres, on contribue à cette impatience collective. On se retrouve donc avec un système qui se nourrit de lui-même."

Et si on prenait le temps de prendre une bonne respiration?



11 commentaires:

  1. Ton blog est très intéressant.
    Il est certain que le stress est un problème majeur de notre société.
    Pourvu que l'on puisse, un jour, calmez les choses;

    Bonne journée!

    Marine

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Oui, Laurent, c'est de Radio-Canada.

    Cependant, je ne crois pas qu'il soit possible de rencontrer cet article sur le site de Radio-Can. En fait, si l'article était sur le net, je n'aurais pas tapé le texte et j'aurais seulement filé le lien. Je trouvais l'article intéressant, alors je voulais en avoir un souvenir. C'est un ami de Radio-Can qui me l'a filé.

    Ciao et hasta pronto!

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  4. Merci Marine pour ton commentaire. À plus!

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  5. J'ai appuye sur une mauvais touche et supprimer mon message.sais pas comment retablir
    :(

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  6. Moi non plus Laurent! Peu importe, n'hésites pas si tu as d'autres commentaires.

    Ciao

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  7. hasta pronto! c'est l'espagnol,n'est-ce pas? ou es-tu?

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  8. Oui, hasta pronto c'est à bientôt en espagnol. Je suis en Colombie.

    Et toi, d'où es-tu en Chine?

    Ciao ciao

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  9. A shenyang, nord- est de la chine

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  10. rien de que tu parles en espagnol. j'ai l'impression que Colombie accompagne toujours des mots , comme drogue,crime,armées....commet est-il dans la realite?
    pourquoi es tu en colombie?

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  11. Bonjour Laurent, je suis en Colombie pour le travail.

    Il est vrai qu'il est facile d'associer la Colombie avec la drogue, l'armée et le crime. La guerre civile et Pablo Escobar, qui est mort depuis 15 ans, ont forgé la réputation de ce pays d'Amérique Latine.

    Mais la Colombie, ce n'est pas que ça: il y a la fiesta, la musique, le Vallenato, la cumbia et la salsa, les deux océans et ses plages, ses divers écosystèmes et sa faune, son histoire coloniale, le peintre Botero, l'écrivain Garcia Marquez...

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