14.3.08

La Colombie :: le meilleur et le pire

Le Carnaval de Barranquilla : un mois de rumba reconnu par l’UNESCO. Le deuxième carnaval en importance après celui de Rio de Janeiro, au Brésil. Pendant deux mois, en janvier et février, les Colombiens font la fiesta et travaillent, exténués. D'autres en ont marre du bruit et de l’engorgement des rues, d’entendre et d’assister aux mêmes spectacles avec les mêmes invités et les mêmes défilés année après année. Ceux-ci quittent alors le capharnaüm pour la ville caraïbéenne de Santa Marta. Ceux qui restent non pas les revenus pour s’éclipser de la rumba ou sont encore charmés par les spectacles de Vallenato, une danse typiquement colombienne, de salsa et de merengue.


Des artistes latinos ultra connus participent : Sylvestre Dangond, Joe Arroyo, Tulile, Ivan Villazon, Sergio Vargas, le Gran Combo de Puerto Rico... Tous les spectacles s’étirent sur plus de douze heures. Entre autres, la fiesta de l'hôtel El Prado débute à 19h00 pour s'éteindre avec le levée du soleil à 6h00. Le Festival de Orquestas commence à midi et lorsque j’ai ouvert la télé à une chaîne locale tard le soir, les gens dansaient encore allègrement sur le parterre.


Les Colombiens enfilent des brochettes de viande cuites à l'asado - le barbecue -, les mélanges de maïs, de faux bacon, de sauce tomate, de fromage râpé et de mayo, les arepas de fromage ou de chicharron... Toute cette gastronomie d’estrade est ingurgitée avec du Scotch Old Parr, la Aguila et de l'eau, par nécessité.


Dans les estrades lors du défilé de la Batalla de Flores, nos voisins sont Nicolas de la France et Julie de la Colombie. Je m’appelle Julie et mon copain s’appelle Nicolas. Un drôle de hasard! En plus, je n'avais encore jamais rencontré de latinos qui s'appellent Julie avec la "e" et non la "a".



Le défilé commence vers 14h00, mais nous arrivons à midi. À l'entrée, les organisateurs distribuent des coupons pour se procurer gratuitement les asados, l'eau, les boissons gazeuses, la bière et une bouteille de Old Parr! Plus l'après-midi avance, plus les bouteilles se vident et les gens dans les estrades rigolent. Ils lancent la maizena - une sorte de farine - et aspergent les spectateurs de mousse. Devant nous, les gens paradent costumés et les reines de beauté se font trimbaler. Deux participants sont déguisés en Hugo Chavez et Piedad Cordoba, la sénatrice colombienne très impliquée auprès du président vénézuélien pour la libération des otages colombiens. Ils sont hués immédiatement par la foule. "Hijos de puta!" hurle la foule blasée des conneries du dirigeant du pays voisin.


La cote de popularité du président colombien Alvaro Uribe atteint des sommet : près de 80% d’appui. La grande majorité des Colombiens détestent Chavez. Il insulte leur président et, par le fait même leur pays, en lui disant qu'il n'est pas digne de gouverner la Colombie. Les Colombiens sont inquiets face aux menaces que laissent planer le président vénézuélien. On peut citer : ses dépenses exorbitantes en armements russes; son armée placée à la frontière de la Colombie à la suite de l'assassinat du numéro deux des Forces armées révolutionnaires de Colombie – FARC -, Raul Reyes, et d'une dizaine de guérilleros; ses discours sur la complicité entre la Colombie et les États-Unis pour envahir le Venezuela; sa proposition de reconnaître les FARC comme une organisation politique et les retirer de la liste des groupes terroristes...


Chavez n'est pas un homme politique: il est un général au pouvoir à la suite d'un coup d'État perpétré en 1999. Pas étonnant que ce dictateur belliqueux entretiennent des amitiés avec Mahmoud Ahmadinejab de l'Iran, Daniel Ortega du Nicaragua et Manuel Marulanda - alias Tirofijo -, le chef des FARC. N'aurait-il pas payé des millions de dollars pour obtenir la libération des otages Clara Rojas et Consuelo Gonzalez? N'aurait-il pas rencontré secrètement Tirofijo au Venezuela? N'offrirait-il pas aux FARC des bases au Venezuela? Son frère ne serait-il pas un narcotrafiquant? Et Hugo Chavez, d'idéologie gauchiste, ne possèderait-il pas des millions de dollars amassés notamment pas la nationalisation des industries pétrolières? Voici quelque unes des rumeurs ou idées qui circulent en Colombie à propos de Chavez.


Le conflit entre le gouvernement colombien et les FARC est la plaie, le mal, la peste qui gruge la Colombie. Les FARC hantent le quotidien des Colombiens. Tandis qu'au Canada, la Canadian Broadcasting Corporation - CBC - passe un topo de dix minutes sur les conséquences de la dernière tempête de neige de février, en Colombie, à Noticias Caracol, on diffuse des nouvelles beaucoup plus dramatiques. Aux manchettes, un bateau accosté à Carthagène qui cache des milliers de tonnes de cocaïne; deux valises égarées, remplies de coupures totalisant un million de dollars américains, retrouvées aux aéroports de Bogota et de Cali; le personnel de l'Agence des réfugiés des Nations Unies déployé à Nariño, département au sud-ouest de la Colombie à la frontière avec l'Équateur, qui ne peut pas venir en aide aux paysans d'un village encerclé et isolé par les mines antipersonnelles... Les exemples sont nombreux dans ce pays comptabilisant un nombre effarant de mines antipersonnelles et qui a la plus importante production de cocaïne au monde! Dans ce pays où Pablo Escobar, narcotrafiquant célèbre, a fait partie de la célèbre liste des hommes les plus riches de la planète du magazine Forbes... Comme quoi, le climat et les ressources naturelles des pays définissent leur économie et une partie de leurs politiques.


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