22.3.08

Causes de la confrontation entre l'Occident et l'Orient


L'islamisation s'est renforcée après la deuxième guerre du Golfe terminée en 1991 et elle s’est accélérée depuis le début de la guerre en Irak en mars 2003. Certains prétendent à une nouvelle croisade entre les religions catholique et islamique, entre l'Occident et l'Orient.


Selon la psychologue arabo-américaine Wafa Sultan interviewée sur la chaîne qatarie Al-Jazira le 21 février 2006, les confrontations actuelles entre les États-Unis, et leurs alliés, et les pays de confession musulmane ne sont pas causées par leurs croyances religieuses différentes. L'affrontement serait plutôt entre les promoteurs de la modernité et ceux qui souhaitent le retour aux traditions. "Le choc que nous voyons dans le monde n'est pas un choc des religions, ou un choc des civilisations. C'est un choc entre deux opposés, entre deux ères. C'est un choc entre une mentalité qui appartient aux temps médiévaux et une autre mentalité qui appartient au XXIe siècle. C'est un choc entre la civilisation et l'arriération (...) C'est un choc entre la liberté et l'oppression". Visionner l'interview:



Pour Jonathan Kay, chroniqueur au National Post, cité dans Le Devoir du 29 et du 30 décembre 2007, les confrontations ne sont pas nées du "désaccord sur la nature de Dieu mais sur la nature de l'homme. L'individualisme est devenu si fondamental dans la façon de voir de l'Occident que nous ne pouvons pas imaginer une autre manière de concevoir l'existence, écrit-il. En réalité, il y a des milliards de personnes sur terre, y compris la plupart des musulmans, qui considèrent bizarre cette obsession pour l'individualisme." Selon Jonathan Kay, la liberté individuelle n'est pas une valeur universelle. "Dans une grande partie de l'Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient, la personne est perçue avant tout comme une représentante de la famille, de la tribu, du clan ou de la secte, (expliquant) en grande partie des pratiques jugées "barbares" ailleurs, comme les crimes d'honneur".


Jonathan Kay admet "que la liberté et l'individualisme sont un développement récent de l'histoire humaine alors que le tribalisme est un instinct fortement enraciné." Le chroniqueur doute "que la religion musulmane et l'importance accordée à la soumission (favoriserait) la perpétuation (des) instincts tribaux". En fait, le problème n’est pas la religion musulmane, sinon que l’application de cette religion par un gouvernement autoritaire, freinant ainsi le développement des individus et la construction de leur raisonnement sensé favorisé par la liberté d’expression, de pensée et de croyance. En effet, la grande majorité des 57 pays musulmans faisant partie de l’Organisation de la conférence islamique ont un régime non démocratique. Les dirigeants sont issus de coup d’État, de la royauté ou encore de gouvernement élu souvent à la suite d’élections truquées.


Le Coran possède de nombreuses règles concernant la famille: sur l'héritage, le mariage et le divorce. L'application des lois tribales est cependant mal adaptée aux conditions du XXIe siècle. Comme la charia est une loi éternelle, comment peut-on concevoir "que les lois d'une minuscule société nomade du VIIe siècle puissent répondre à tous les cas de figure des sociétés du (XXIe siècle)"? - Quentin Ludwig, Comprendre l'Islam, Eyrolles, 2003, p. 52 - Enfin, si l'on reproche à l'Islam d'être ancré dans des sociétés machistes, c'est avant tout car cette religion applique les lois coutumières relatives à la femme.


Revue de presse de Manon Cornellier "Les autres et nous" dans Le Devoir du 29 et du 30 décembre 2007: http://www.ledevoir.com/2007/12/29/170212.html



2 commentaires:

  1. Encore une fois, je crois que l'essai "Les identités meurtrières" d'Amin Maalouf permet de bien saisir la nature de cette confrontation, de voir la montée du radicalisme et du fondamentalisme religieux non pas comme l'aboutissement de l'Islam, mais plutôt comme la réaction du Moyen-Orient qui y cherche un terrain pour faire entendre sa douleur et revendiquer qu'on lui laisse sa place dans la Civilisation. C'est lorsque que l'on a plus rien à perdre qu'on devient réceptif aux appels des guerriers et des radicaux.

    La lutte au terrorisme est un cul-de-sac tout comme la caractérisation du Moyen-Orient comme une culture arriérée, sa poursuite ne mènera qu'à de plus grandes frustrations et une intensification du radicalisme.

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  2. J'adore Amin Maalouf. C'est avec plaisir que je lirai son essai.

    Merci pour votre commentaire.

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