2.11.07

Stagnation de la pauvreté en Russie

La Russie. La pauvreté de certains Russes; à l'opposition des nouveaux riches. La Russie se distingue par sa position nordique, mais sa situation économique à l’image des pays en voie de développement normalement caractéristique aux pays du Sud. La pauvreté en hiver. Leur peau est laiteuse comme la neige de la campagne russe et leurs traits sont tristes. Tristes comme les arbres dépouillés de leurs feuilles.

Devant cette pauvreté fréquente, défilent les monuments imposants d’un temps glorieux. La gloire et la déchéance se croisent à Moscou. Particulier. J’admire l’église Basile-le-Bienheureux, le Kremlin, les centaines de cathédrales chapeautées de dômes uniques, le Grand théâtre... Les Russes sont patriotiques et aiment ressasser leur passé glorieux. Ils se retrouvent dans une quête collective. À l’époque soviétique, l'ambition collective donnait un sens à leur vie. Elle prévalait sur les ambitions individuelles. Aujourd’hui, les Russes aiment valoriser la puissance de leur pays. Un pays du G8; un pays membre permanent des Nations Unies et bénéficiant du droit de veto. Plus de la moitié des Russes glorifient Staline. Ce peuple longtemps opressé et paternalisé exige un gouvernement fort. La stabilité économique - maintien du rouble -; rien de plus. La stabilité politique - centralisation du pouvoir par le président, Vladimir Poutine; rien de plus. La sécurité - rigidité de Poutine avec les Tchétchènes -; rien de plus.

Moi, je suis assez bien assise dans le Transsibérien. Les kilomètres déroulent entre Moscou et moi. La Terre contient une population vertigineuse; eux, ils sont 147 millions de Russes de Moscou à Vladivostok, concentrés à l’ouest de l’Oural. Par la fenêtre, je regarde les rares personnes qui déambulent. Lorsque je croise leur regard, à cet instant éphémère, ils sont réels; ensuite, ils deviennent des images sans consonance au creux de ma mémoire.

J’observe les étoiles du communisme sur les wagons de train. L'empreinte du passé communisme est partout, à l’exception des portraits et sculptures de Staline retirées et rangées dans les musées. La censure et la propagande avait alimenté la sacralisation de cette époque.

Beaucoup de Russes ont des yeux intenses - souvent gris bleu - et tristes. Comme les yeux du jeune homme qui partage mon coupé. Je vais me servir un autre thé. L’eau chaude est au début du wagon dans un grand réservoir de métal. Je tourne la poignée et l’eau fumante coule. Le thé me réconforte. Une sensation de chaleur instantanée. J'avale de petites gorgées. Les rayons du soleil perdent lentement de leur intensité. Les forêts sont bondés de bouleaux feuillus et moins feuillus. Le mouvement répétitif du train rythme ce voyage en Sibérie.

- Photo : Olivier Turcotte, Souzdal (Russie), 2005 -

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