3.11.07

Le prix de l'ambition

Il pleut. Beaucoup. Une journée sans soleil. Un ciel gris et lourd. Je ne sais pas si "c'est un p'tit bonheur", Félix. Un petit, oui. "Emmenez-moi" plutôt car "la misère est - paraît-il - moins pénible au soleil." N'est-ce pas Charles?

Le monde s'est arrêté: les rues sont abandonnées; cloîtrées sont ces gens. La Terre tourne sans moi ou avec moi. Je suis dans ma cuisine, dans l'immobilité. Mes pieds sont froids. J'aimerais faire tout, sauf justement ceci. Faire tout, mais justement pas cela. J'aimerais être partout, mais non, pas ici!

À la radio, un homme raconte sa préparation pour un grand repli en Arctique. C'est ça, maintenant pour se faire une vie palpitante et échapper à la routine, l'homme s'est dit qu'il devrait s'immiscer entre deux glaciers où aucun hélicoptère ne pourra le rescaper. Et pourquoi va-t-il affronter le gèle: le nez glacé, les orteils immobilisées, les joues plaquées d'engelures, les doigts raidis? Pour lui-même? Vraiment? Peut-être. Ou pour le prestige social? Combien vivent-ils et consacrent-ils leurs activités ou leurs désirs professionnels dans le but de la reconnaissance d'autrui?

À 17 ans, au Nord de Toronto, au chalet d'une amie - elle était gardienne des enfants des propriétaires -, j'ai rencontré une femme, une amie des propriétaires. Une femme simple. Assise au bout du quai, elle m'a dit travailler quelques mois en Ontario pour repartir en voyage quelques mois. Sa vie était ainsi: entre ici et là-bas. Rien de plus que le plaisir sans de grandes aspirations. Une vie simple.

Maintenant, je n'insinues pas de ne pas avoir des ambitions, des projets de grandeur. Non. Je suis seulement sceptique envers tous ces anxieux - l'anxiété étant une peur qui n'a plus sa raison d'être, une sensation de vide -, ces insatisfaits, ces dépressifs qui exigent trop, qui oublient de profiter des "p'tits bonheurs" quotidiens. Les chiffres parlent: 50% de l'absentéisme au travail est causé par les troubles de santé mentale au Québec. Le stress étant la cause première. Ailleurs dans le monde, la tendance est similaire.

Lire à ce sujet l'article de Guillaume Bourgault-Côté publié dans Le Devoir le 2 novembre 2007, "Le nouveau mal du siècle":
http://www.ledevoir.com/2007/11/02/162843.html

- Photo : Frédéric Tremblay, Carlevoix (Québec, Canada), 2007 -

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