1.8.10

Visite à la clinique

Il y a deux semaines, j'ai commencé à sentir un point subtil, mais désagréable, près de l'omoplate. J'avais la forte impression que mon mal devait être un nerf serré entre deux os. Ce mal subtil s'est tranquillement répandu jusqu'au haut de mon bras, souffrant lorsque je respirais, riait ou éternuait. Il y avait sûrement un lien entre mon mal et le déplacement de mes os.


C'est à ce moment-là que j'ai décidé que je devais visiter un médecin. J'ai donc marché dans mon quartier pour dénicher une clinique. J’ai choisi la première rencontrée qui m'apparaissait normale, bien que peu moderne. La secrétaire était sympa et d'origine serbe. En fait, j'étais dans la clinique d'un médecin serbe.


Mon copain et moi, nous attendions dans la salle d'attente quand un vieil homme est sorti du cabinet. Accroupi sur sa canne, il nous a demandé ‘Where are you from?’. ‘I am Canadian and he is Colombian’ et, à notre tour, nous lui avons demandé son origine. Le vieil homme a dit qu'il était Allemand. À ce moment-là, j'ai pensé malgré moi qu'il avait les traits typiques de ces Allemands dans les films nazis qui ont le rôle de l'extrême méchant, incarné d'une grande cruauté, même frôlant la folie. Il avait une tête carrée avec quelques cheveux coupés très court, des lèvres très minces, et de petites dents bien cachées. Bien sûr, il nous regardait de ses yeux bleus acier. Et bien, ce vieil allemand a ajouté qu'il avait fui l'Allemagne parce qu'il faisait parti de l'armée d'Hitler. Je suis restée très bouchebée, un peu par son histoire, mais surtout par cette ouverture a raconté un passé controversé. Il est parti sans montrer un soupçon de moralité, un sourire satisfait sur les lèvres. Mon copain et moi nous nous sommes regardés et je lui ai demandé 'Entendiste lo que entendi?' mettant en doute ce que j’avais pu comprendre en Anglais. La secrétaire sympa est venue immédiatement ouvrir la porte disant que le vieil homme sentait vraiment mauvais et qu'elle n'en pouvait plus de le sentir pendant qu'il attendait dans la salle d'attente.




Mon tour est arrivé et je suis entré au cabinet du médecin serbe, trop mince, dans un ensemble tout brun, pas un très bel homme, avec une verrue sur une joue qui n’embellissait pas son visage gris. Je n'ai pas pu m'empêcher de me questionner si le Collège des Médecins australien était moins strict que le nôtre, ce qui expliquerait peut-être sa licence. Il n'était pas né en Australie, ça c'était certain: j’entendais son accent et il avait conservé son look soviétique. Je suis remplie de clichés, je sais, mais j'ai même pensé à son rôle dans la guerre en ex-Yougoslavie. Qui sait? Mais quand je suis entrée dans son cabinet! Ça sentait le pet! À moins que je retourne consulter ce médecin, je ne pourrais jamais savoir si l'odeur venait du vieil allemand qui m'avait précédé ou du médecin vêtu tout de brun qui passait son temps à péter la porte fermée dans son cabinet. Son cabinet était à l’image de ses vêtements, brun et usé. Le papier que les médecins changent avant d'inviter un patient à s'assoir sur la longue chaise était gris, et ne semblait pas avoir été changé depuis plusieurs clients. Heureusement, le médecin ne m'a pas invité à m'allonger, ni ne m'a offert une robe d'hôpital. Après voir entendu l’énumération de mes symptômes, il a timidement soulevé mon chandail et a examiné mon dos. J'ai reçu une prescription pour des anti-inflammatoires. Mon mal est maintenant presque disparu et j'ai même pu retourner à la piscine ce vendredi.

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