6.5.10

Histoire de racisme

Je vis en Australie depuis le mois de février 2010. Un des premiers reportages que j'ai regardé à la TV recensait les commentaires d'étudiants étrangers sur leur crainte d'être victime de racisme en Australie. À la suite de quelques commentaires relatant l’inquiétude des uns et l’indifférence des autres, le reportage a montré les prises de caméra d'un homme d'origine indienne, gravement blessé, enrubanné presque des pieds à la tête, dans un lit d'hôpital. Je me souviens avoir dit que je ne croyais pas que le racisme serait un de mes soucis en Australie.


Oui, pourquoi moi? Je suis blanche dans un monde de blancs. Je suis du Canada, un pays avec une histoire britannique, tel que l'Australie. Et même si je n'étais pas dans un pays de "blancs", avouez que nous, les blancs, nous vivons assez paisiblement peu importe où l'on va. En Afrique, un noir peut privilégier un blanc; en Amérique Latine, un latino peut donner une grande notoriété à un blanc. Partout où nous allons, ou du moins, partout où je suis allée, je reconnais la prédominance du blanc sur les autres (je ne dis pas que j'accepte cette prédominance, mais que je la remarque). Bref, c’est ici, dans un monde de blancs, qu’une personne m’a manqué de respect en raison de mon origine.


Nous avons peut-être été insultés parce que mon copain va en Inde et qu’on lui répond en Hindi, qu’il va en Malaisie et qu’il est invité dans la file des citoyens Malaisiens et que peut-être que quelques Australiens hostiles en ont ras-le-bol de ces communautés. Mais c’est peut-être parce que l’on parlait espagnol (mais le crétin n'a pas fait la différence et de toute façon sa conception est le "nous" versus le "eux") qu’il nous a balancé nos sacs posés sur le siège du train et jeté nos papiers sur le sol sans démontrer aucun remord, seulement du dédain. Oui, c'était juste un vieux, comme on dirait au Québec, qui vit dans un autre monde, de l'autre époque (type Claude Mailhot et Alain Goldberg), mais peu importe, la situation a été extrêmement frustrante. Quelques minutes plus tard, le même "déshumanisé" a lancé fort "Hey, give me a break" à un homme, pas du tout Australien "de souche" qui parlait à ses copains. J'étais sidérée. J'étais tellement choquée.


Et ensuite, il y a cet Indien (genre pas très grand, il pourrait être un petit frère, il a un gentil visage) dans un de mes cours que j’ai croisé un soir et qui m’a raconté qu'il avait été battu il y a quelques semaines. Je voyais au dessus de son œil gauche la blessure qui fissurait son sourcil. J’étais choquée, mais j’ai été encore plus interloquée lorsque j'ai écouté pas seulement une de ses histoires, mais plusieurs de ses histoires du genre claques derrière la tête dans un resto… Il a même reçu un oreiller derrière la tête dans son vol depuis Singapore.


Enfin, mon petit mot n'est pas pour vous dire que l'Australie est raciste, mais peut-être que le problème est plus présent qu'au Canada même si les deux sociétés sont similaires, d’origine britannique, jeunes et multiculturelles.

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