13.10.09

La cruauté des mines de Potosí

Potosí, au Sud de la Bolivie, célébrera 200 ans de libération des Espagnols le 10 novembre 2010. Pourtant, après 200 ans de liberté politique, la situation des travailleurs dans les mines de minerais ne s'est pas beaucoup améliorée. Potosí est l'hôte d'une montagne de plus de 4 800 mètres, le « Cerro Rico », qui a causé la richesse des Espagnols et ensuite d'hommes d'affaire, mais aussi la mort de millions de travailleurs condamnés à une situation d'esclavage.


La « montagne riche » a fait de Potosí une des villes les plus importantes au moment de la colonisation au 16e et 17e siècles, plus peuplée à cette époque que Paris, Londres ou New York. En 2009, la ville compte moins de 200 milles habitants en raison de l'épuisement des minerais, moteur économique de Potosí. Malgré la grande population à l'époque de la colonie, les archéologues ont conclu que les habitations étaient insuffisantes pour loger tous les travailleurs indigènes et que l'hypothèse la plus probable est que ceux-ci vivaient dans les mines. Cette hypothèse est consternante pour quelqu'un qui a visité les mines et connaît la suffocation, l'odeur de souffre, les chemins étroits, l'humidité, la chaleur des grottes, les conséquences de l'inhalation de la poudre de dynamite et la saleté. Les conditions étaient et sont si déplorables que les historiens évaluent que l'exploitation minière a coûté la vie à plus de 8 millions d'indigènes.





Les indigènes étant si nombreux, comment les Espagnols les ont-ils soumis à l'esclavage? Le pouvoir des armes, certainement, mais il y a plus: les indigènes étant polythéistes, les Espagnols ont donc inventé un Dieu de la montagne, « El tío ». Encore aujourd'hui, une représentation du Dieu se trouve dans la montagne. Ce dieu ressemble plutôt à un diable: il y a une bouche ouverte édentée, de grands yeux et un énorme pénis. Tous les mardis et vendredis, les mineurs font l'offrande au Tío versent un alcool de 96 degrés sur sa tête, pour acquérir une meilleure concentration; sur ses bras, pour avoir plus de force; et sur le pénis, pour que la terre soit fertile en minerais. Un autre rituel, est celui de la fête de la Pachamama, le 1er août, pour célébrer la mère terre par le sacrifice de lamas. En répandant le sang des lamas à l'entrée des mines, les miniers implorent la Pachamama de manger le lama et d'épargner leur vie.


Les mines emportent la vie de plusieurs travailleurs. Lors de notre visite de la mine, notre petit groupe a visité deux coopératives de la mine qui consiste en une petite grotte réservée à une famille. Pour arriver à la grotte, nous avons dû marcher dans un tunnel humide et froid traverser par des rails; ensuite, nous avons dû nous glisser par l'entrée de la grotte qui est un passage étroit et descendre des escaliers de bois très inclinés d'une dizaine de marches pour arriver à un espace plus large et très chaud, l'antre de la mine. Des deux coopératives visitées, la mine avait fait ses victimes. La première famille était composée de quatre frères, mais ils sont maintenant que trois; la seconde mine nous a révélé la dure réalité de la maladie chronique d'un travailleur qui a dû abandonner la mine et obliger son fils à subvenir aux besoins de sa famille.


Une autre dure réalité de la mine est le travail infantile. Rarement, je n'ai vu des enfants aussi tristes. Je croyais qu'ils acceptaient leur situation, mais non, ils sont simplement des enfants, tristes de travailler dans cette poussière, cette chaleur, mastiquant les feuilles de coca pour compenser la faim et ne pas oublier le temps. Le premier jeune mineur rencontré est demeuré penché sur de petites roches qu'il martelait pour en extraire le minerai pendant que je lui parlais. Cela m'a semblé un travail d'expert, long et minutieux, car de la roche, j'étais incapable de reconnaître ce qui avait de la valeur. Le jeune mineur déposait le minerai précieux dans une poche de tissu. Évidemment, l'extraction du minerai ce fait dans la grotte, puisque la tâche la plus difficile est le transport du minerai hors de la mine dans des wagons totalement manuels tirés par d'autres mineurs: les chemins descendent, tournent et montent, la mine n'est pas linéaire. Donc, impossible de considérer le transport de toutes les roches. Derrière, le jeune mineur, au peu plus loin à gauche et plus haut, un autre jeune garçon travaillait. Je voyais très bien son visage et Santos, il s'appelait. Avec un marteau et un cylindre de métal, il creusait de longs trous qui accueilleraient les dynamites. J'imaginais que chaque coup de marteau devait résonner dans tout son bras et que même après son labeur, son bras devait continuer de vibrer sourdement. J'ai demandé à Santos si son père travaillait dans la mine, mais il m'a répondu que non. La guide qui m'accompagnait était surprise de sa réponse, mais ensuite le jeune Santos a rectifié mentionnant que son père travaillait avant dans la mine, mais qu'il était maintenant malade. L'espérance de vie du mineur est d'environ 40 ans et souvent il commence enfant.


Le jeune Santos a 13 ans. J'avais honte de l'examiner autant, mais j'étais contrariée par sa condition: ses vêtements étaient très sales, usés, déchirés et sa tristesse était troublante, car cet enfant ne souriait pas et parlait peu. La guide m'a raconté que pour l'instant Santos va à l'école, mais souvent les enfants arrivent les mains sales et dorment sur leur bureau, car la journée de travail dans les mines est de 14 heures.


Pour sortir de la grotte, nous repassons devant le premier jeune minier. J'apprends qu'il a 14 ans. Il n'arrête son travail que lorsque je lui offre un sac de feuilles de coca; c'est alors qu'il me regarde brièvement pour me remercier. Lui aussi, il est vraiment un enfant, exténué et triste.


En plus des conditions de travail déplorables, les huit compagnies minières qui se partagent le monopole offre un salaire au minier selon ce qu'il apporte et l'arnaque bien: environ 7$ par jour pour le mineur et 10 $ pour celui qui transporte les minerais.


Incroyable qu'en presque quatre siècles d'exploitation minière, la situation des travailleurs ne se soit guère améliorée. Après deux siècles de libération des Espagnols, personne ne peut confirmer que les exploiteurs ont réellement quitté Potosí.


- Je recommande le film bolivien, The Devil's Miner, un documentaire sur les enfants miniers à Potosí -


Aucune photo à vous présenter, mon appareil photo ayant été volé à La Paz.

2 commentaires:

  1. une HK femme m'ai escroque encore 3 HK dollars a HK.tant bis...

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  2. Qu'est-ce qui s'est passé? Et puis, tu as aimé mon texte sur les mines?

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