17.11.07

La télé, je suis désabusée

Lors de mon passage au Maroc en 2007, j'ai découvert l'auteur Tahar Ben Jelloun. Cet amoureux de Tanger a quitté Paris pour retrouver sa ville. Là où se mêle l'Atlantique et la Méditerranée. Un de ses livres, L'homme rompu - 1994 -, porte sur la corruption. Le protagoniste, Mourad, est un honnête fonctionnaire entouré d'un collègue corrompu, H.H., et d'une épouse, Hlima, qui n'accepte pas sa situation financière. Il touche finalement à des bakchichs. Il est ensuite tourmenté. Le récit sacarstique de la réalité de la corruption. Le récit se déroule au Maroc, mais plusieurs pays auraient pu en être la scène.

Maintenant. Je lisais le livre lorsque j'ai été surprise par des propos écrits au sujet de l'état d'âme du protagoniste: ses propos reproduisaient une pensée que j'ai mise par écrit en 1999. Je reprends donc la citation du livre - page 201 - et mon texte.

"(...) je regarde la télévision en attendant le retour de Hlima et des enfants. Les images se succèdent et je n'en retiens aucune. Elles passent comme dans un film absurde où les bobines ont été inversées. Je pense aux millions de Marocains qui, comme moi, sont en face ou à côté de leur poste et avalent des images sans se poser la moindre question. Peut-être que notre télévision est faite pour cela. En fait, je ne regarde et je ne vois rien. De la buée. Du flou. Des images se chevauchant puis se multipliant à l'infini."

J’aimerais transformer la tristesse en nostalgie et l’ennui en souvenir. Je pourrais être celle qui s’est assise au bord de la rivière Piedra et à pleurer. J’aimerais que Coelho m’inspire plus de chaleur littéraire: mes pieds sont gelés, mes yeux aussi, fixés à l’écran de la boîte à images. Les images défilent et, avec snobisme peut-être, je ne sais pas comment y trouver de l’intelligence et de l’intérêt. L’aliénation des publicités, des quiz béats, des téléromans sur la vie imaginée de personnages et, pire encore, la téléréalité, la connerie suprême, largement écoutée. Là, maintenant, que je reprenne les dictons marxistes pour dénoncer l’opium de ce siècle, je m’en fous parce que pour s’évader et s’éviter de penser, c’est très bien. Elle est sûrement convoitée pour cela. Là, maintenant, je n’ai pas envie de penser. Quand je pense, mes idées sont confuses: je me perds entre les mots de mon livre de Coelho, j’ai aucune envie de discuter, je n’ai rien à rédiger, mais j’ai une envie de m’empiffrer.

Je mets ma main au centre de ma poitrine. J’écoute mon respire: j’inspire plus longtemps et expire en abaissant mes épaules. Mon cœur bat: je le sens discrètement. Mon corps vit. Mes pensées tâtonnent dans une noirceur d’incertitude. Je n’aime pas la sensation: elle me rappelle lorsque je me suis plantée sur le plancher de verre au haut de la tour du CN et que je ragardais les voitures minuscules tout en bas. Une sensation de vertige et de perte de contrôle.

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