23.5.10

Mirage d'un virage politique en Colombie?

À une semaine des élections présidentielles en Colombie, je me sens plus inquiète et enthousiaste que lors de n'importe quelle élection au Canada. Devant le mirage d'un changement si important dans la pensée politique de la Colombie, je ne peux que croiser les doigts jusqu'à dimanche prochain, le 30 mai.


Je me souviens assez bien du référendum de 1995. Pour moi, la campagne, le vote et le résultat du référendum ont été les moments les plus émotionnels de la politique québécoise. Le taux de participation sans précédent de 85% a démontré que plusieurs Québécois étaient convaincus de l'importance viscérale de leur vote. Jamais une élection provinciale ou fédérale pourrait créer tant d'agitation. En effet, nous vivons dans une démocratie bien établie, tous les partis importants jouent au centre, un peu à gauche, un peu à droite, donc l'élection de l'un ou de l'autre n'aura jamais des conséquences plus désastreuses que de cohabiter avec un gouvernement peu écolo ou un budget qui ne favorise pas la classe moyenne.


Bref, toute cette intro pour mettre en perspective l'importance clé des résultats d'élection dans certains pays. Il suffit de penser à W Bush et Gore en 2000, ou à Chavez et Salas en 1998. L’histoire qui se traçait en 2000 aux États-Unis et au Venezuela en 1998 se joue maintenant en Colombie. Dans une semaine va se terminer la campagne présidentielle entre les deux principaux candidats, Mockus et Santos. Santos est l'ex-Ministre de la défense sous le gouvernement actuel d’Uribe, le parti de la U; Mockus est un ex-maire de Bogota et ancien recteur de la plus importante université publique du pays.



Quand j'ai vécu en Colombie, j'ai pensé et conversé souvent à propos d’une solution aux problèmes d'inégalité, à la rigidité des classes sociales, et à la violence des groupes armés et des narcotrafiquants. Avec ma perception et ma culture politique et sociale canadienne, j'ai pensé que la solution passerait par l'éducation et par un changement de culture. N'est-il pas facile d'éteindre le jugement des citoyens par une absence d'éducation? N'est-il pas facile d'accepter la corruption quand elle est exercée par ses pairs et ses supérieurs? Je ne pensais pas qu'une personne pourrait arriver si rapidement sur la scène politique et avancer ces idées qui paraissent parfois si logiques pour un oeil extérieur.


D’abord, la Colombie m'a beaucoup impressionnée en refusant le changement de la Constitution pour permettre la réelection d'Uribe, un président ayant pourtant cumulé des taux records d'acceptation, plus élevés encore que Lula au Brésil. Le résultat m’a d’autant plus épatée parce que le changement de Constitution pour permettre des réélections infinies des présidents latino américains est devenu très populaire au cours des dernières années. Maintenant, la Colombie m’étonne encore par les intentions de vote en faveur de l'élection du candidat Mockus. Si dimanche prochain Mockus gagne les élections, la Colombie pourra expérimenter un virage politique immense. Mockus inspire beaucoup d'espoir afin de changer les éléments négatifs de la culture colombienne et permettre un accès égal à l'éducation. De plus, pendant que la gauche normalement a peu de faveur en Colombie parce que facilement associée au mouvement des guérillas, son mouvement est le seul qui soit aussi populaire tout en étant de centre-gauche. Son «Parti Verde» me rappelle la social-démocratie canadienne ou scandinave et j’espère donc que le "mockusianisme" remportera les élections.

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